Éditions Libertalia
> Blog & revue de presse
> Une belle grève de femmes dans le Télégramme
mardi 30 mai 2023 :: Permalien
Publié dans Le Télégramme du 29 mai 2023.
En 2024, le centenaire de la grève des Penn sardin, à Douarnenez, livrera son lot de publications et de célébrations. Mais avant cela, dans Une belle grève de femmes, Anne Crignon pose un regard sensible et engagé sur cette page fameuse de l’histoire sociale de la Bretagne.
Son engagement, la journaliste concarnoise travaillant pour L’Obs et pour Siné Mensuel, l’assume. « Il se trouvera sans doute un historien pour pointer ici ou là dans ce récit une lacune ou trop de sympathie pour l’outrance, et il aura raison », avertit-elle. Avant de suivre les différents acteurs et faits de cet événement au retentissement national, comme elle l’aurait fait pour une enquête journalistique.
Ce qu’elle entend, ce qu’elle sent, ce qu’elle voit
Elle y dépeint le quotidien des Douarnenistes, pêcheurs et surtout ouvrières d’usines, comme si elle y était. Cette grève, c’est un mouvement de femmes. C’est en femme que la journaliste la suit de près. Anne Crignon est là, accompagnée de sa petite chienne, dans les maisons, dans les rues, sur les quais, dans les conserveries. Elle écrit au présent, décrit ce qu’elle entend, ce qu’elle sent, ce qu’elle voit. Elle convoque les témoignages de celles qui vécurent les événements, recueillis par d’autres, comme autant de respirations. Elle dresse avec une touchante sensibilité le portrait de celles et de ceux qui luttèrent, pendant quarante-six jours, contre les patrons douarnenistes, pour une plus grande justice sociale, jusqu’au drame et à la victoire finale. Et puis elle salue le travail de toutes celles et de ceux qui ont conté cette histoire avant elle, Lucie Colliard (à qui elle a emprunté ce titre), Michel Mazéas, Marie Hélia, Anne-Denes Martin, Jean-Michel Le Boulanger…
Une belle grève de femmes est un bel hommage autant qu’un travail précis et riche. « Écoutez, l’bruit d’leurs sabots », chantent en chœur la Concarnoise Claude Michel, qu’Anne Crignon a rencontrée, et les cortèges de ce XXIe siècle de lutte et d’espoir. Sans doute, ces femmes d’il y a cent ans ont encore à nous apprendre.
Olivier Desveaux