Le blog des éditions Libertalia

Benjamin Péret : « Je ne mange pas de ce pain-là. »

jeudi 21 janvier 2016 :: Permalien

Je ne mange pas de ce pain-là.
Benjamin Péret, poète c’est-à-dire révolutionnaire.

Un film de Rémy Ricordeau, Sevendoc Production.
Recension parue dans CQFD (novembre 2015).

« Je ne mange pas de ce pain-là. »

« Mon avion en flammes mon château inondé de vin du Rhin
Mon ghetto d’iris noirs mon oreille de cristal […]
Ma cascade bleue comme une lame de fond qui fait le printemps
Mon revolver de corail dont la bouche m’attire comme l’œil d’un puits scintillant […]
Je t’aime. »

Ainsi s’exprimait Benjamin Péret dans Je Sublime, peu avant de gagner Barcelone et les rangs du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM) en cet été 1936 où tout semblait possible. Il combattra par la suite au sein de la colonne Durruti. Tel était Péret. Homme de plume, de cœur et d’action, figure surréaliste majeure et oubliée, poète radical, écorché né à Rezé en 1899, décédé prématurément en 1959.
Anticlérical viscéral, rétif à toute capitulation patriotarde, il doit une certaine postérité au pamphlet Le Déshonneur des poètes (1945), dans lequel il éreinte ses anciens compères Aragon et Éluard.
Au cours des années 1950, l’ancien dadaïste et éternel compagnon d’André Breton faisait figure de dinosaure auprès des jeunes gens qui embrassaient la cause surréaliste. Et c’est tout l’art du réalisateur Rémy Ricordeau que de donner la parole sobrement à ces anciens témoins dans un stimulant documentaire intitulé, à l’instar d’un recueil de Péret, Je ne mange pas de ce pain-là. Les images d’archives alternent avec de passionnants entretiens, de Maurice Nadeau notamment, filmé en 2012, mais également de Guy Prévan (auteur de Péret Benjamin, révolutionnaire permanent, Syllepse, 1999) et d’Alain Joubert. Une voix off restitue la chronologie d’une vie dédiée à l’art, pourvu qu’il fût révolutionnaire et indépendant.
Et parce que l’image ne suffit décidément pas à résumer le poète, le DVD est vendu dans un coffret incluant un livret de 88 pages comprenant textes et photos.
Ami-e-s, si m’en croyez, ne ratez point ce bel objet !

N.N.