Le blog des éditions Libertalia

Plutôt couler en beauté dans Agir par la culture

mercredi 11 décembre 2019 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Paru dans Agir par la culture #59, automne 2019.

« L’écosocialisme est-il un anarchisme, et d’ailleurs où est le rôle de l’État dans tout ça ? » Voilà l’une des nombreuses questions qui parsèment le petit livre de Corinne Morel Darleux, Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce – Réflexions sur l’effondrement. Petit livre par l’épaisseur, certes, mais d’une extrême densité, tant il nourrit et stimule la réflexion sur la mise en œuvre d’une éthique – et d’un programme ! – écosocialistes. L’écrivaine, essayiste et élue régionale du Rassemblement (qui réunit, en Auvergne-Rhône-Alpes, Europe Écologie - Les Verts et le Parti de gauche), étaye notamment ses propos (de brillantes intuitions !) sur des textes variés et souvent littéraires, dont se dégagent Les Racines du ciel de Romain Gary (1956) et La Longue route du navigateur Bernard Moitessier (1986). Il y a 50 ans, Moitessier, alors en tête de la première course de vitesse en solitaire, décide de changer de cap et, plutôt que de rallier l’Occident, s’échappe vers les îles du Pacifique. Gary, lui, nous raconte le combat pour l’honneur et la beauté du geste d’un homme décidé à protéger les éléphants d’Afrique des massacres perpétrés par les trafiquants d’ivoire et les peuples qui, à l’instar de l’homme blanc colonisateur, saccage leur environnement naturel. D’où l’attention portée par Corinne Morel Darleux sur deux balises essentielles pour percevoir les lignes de fuite du modèle consumériste qui nous consume : le refus de parvenir ou comment résister à la pression du réussir, à la méritocratie ambiante ; et puis cette dignité du présent qui consiste « à aiguiser en soi la capacité à mener des batailles désintéressées, à dire non, et se donner la puissance de décliner une offre séduisante plutôt que d’acter le déclin de sa propre décence. » Une lecture indispensable.