Le blog des éditions Libertalia

1910, Naissance de la CNT

vendredi 18 mars 2011 :: Permalien

En ce moment, nous travaillons à la réédition du livre Anarchisme et révolution en Espagne, de José Peirats, publié initialement en français par Repères-Silena en juin 1989. Il s’agit d’une somme d’environ 550 pages sur la période 1869-1939. Un livre ardu et passionnant qui répond à bien des questions que l’on peut encore se poser aujourd’hui : comment s’organise une société sans État ?
Pour éviter de laisser passer trop d’erreurs, de « coquilles », nous lisons ou relisons de nombreux ouvrages sur cette page importante de l’histoire sociale. Parmi nos lectures, en voici une très récente
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1910. Naissance de la CNT.
Éditions CNT-RP, 2010, 15 euros.

Il y a un peu plus de cent ans, le 30 octobre et le 1er novembre 1910, au Palacio de Bellas Artes de Barcelone, les quelque 125 délégués ouvriers présents au congrès de Solidaridad Obrera (SO), décidaient de transformer l’organisation régionale catalane en une nouvelle confédération regroupant toutes les sociétés ouvrières espagnoles. Seuls les socialistes, proches de l’Union générale des travailleurs (UGT), refusèrent sa création. La CNT était née. Mais, et c’est là l’intérêt principal de ce livre, cette naissance laissa une faible empreinte dans l’histoire sociale espagnole. En fait, elle est quasiment passée inaperçue.

La CNT s’est en effet constituée dans un contexte difficile pour le mouvement ouvrier, quinze mois après la « semaine tragique » de juillet 1909 qui s’acheva par l’exécution de Francisco Ferrer et une implacable répression faisant fondre les rangs de SO de 15 000 à 4 000 membres…

Miguel Chueca, qui a traduit et présenté (admirablement) cet ouvrage, est parti à la recherche des rares sources qui permettent de restituer l’ambiance de ce congrès : il s’est principalement appuyé sur le compte rendu publié par l’hebdomadaire Solidaridad Obrera en novembre 1910 ainsi que sur une brochure préfacée par José Peirats en 1976. Il nous explique qu’à l’exception de José Negre, nul militant notoire ne participa au congrès de fondation ; que les délégués de la CNT étaient influencés par le syndicalisme révolutionnaire de la CGT française ; que les débats peu passionnés portèrent sur la question du coût des loyers, la durée du temps de travail, la nécessité de se doter d’un organe de presse quotidien, etc. Le nom de la confédération n’était pas tout à fait défini au terme du congrès ; les questions d’organisation interne furent négligées. En fait, il fallut attendre les années 1914-1915 pour que la CNT s’organise vraiment à l’échelle nationale, puis le congrès de 1919, où riche déjà de 750 000 adhérents, elle s’assigna le « communisme anarchique » comme but final.