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Plus vivants que jamais dans Ballast

mercredi 4 avril 2018 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Plus vivants que jamais dans Ballast, mars 2018.

En mai 1968, Pierre Peuchmaurd n’a pas même vingt ans lorsqu’il prend pleinement part au mouvement de révolte. Révolte ? Non. Pour le jeune poète, cela ne fait aucun doute, Mai 68 est une bouffée d’air révolutionnaire. Détaché de tout groupe ou parti politique, il décrit ce qu’il vit sous forme de journal : Plus vivants que jamais  est son premier livre, paru alors et aujourd’hui réédité aux éditions Libertalia. Sa plume, directe et poétique, nous plonge dans un Paris en ébullition : on se croit à ses côtés, parcourant les rues en essayant de contourner les CRS qui bloquent l’accès au Quartier latin. Car la Sorbonne, « ce vieux tas de pierres, c’est vrai, tout d’un coup nous la voulons. Étudiants ou pas, elle est à nous ». D’un jour à l’autre, d’un lieu à l’autre, le lecteur est pris dans les événements qui s’enchaînent. « C’est le début du pouvoir dans la rue. La rue en mai est subversive », lance l’auteur avant un meeting à la Mutualité. Les slogans qui fleurissent de partout le réjouissent : « Cette fois, c’est vrai, la poésie est dans la rue. » La spontanéité est palpable, la vie a quelque chose de différent : «  Les arbres en tremblent de plaisir. Ce soir, eux aussi seront aux barricades ». Celles-ci se mettent en effet rapidement en place – « Une barricade ça sort de terre plus vite que le blé ». La nuit du 10 mai est marquée par des attaques de CRS, les lacrymos, le chlore. Les pavés volent, avec un seul mot d’ordre : tenir ! Quelques jours plus tard, ce sont des cortèges désordonnés qui avancent au rythme de L’Internationale. Si la Sorbonne bouillonne, le mouvement prend auprès des ouvriers. Rapidement, grèves et blocages se répandent : « Paris sans essence. Ça fait tout de même plus propre », écrit Peuchmaurd, qui ne cache pas son excitation. Mais aussi sa déception lors de la « trahison » de Georges Séguy, signant avec le pouvoir et actant la reprise du travail au début du mois de juin. L’impression que tout était possible fut courte, mais elle est merveilleusement retranscrite au travers de ce « journal des barricades ».

M.B.