Le blog des éditions Libertalia

Du fond des océans les montagnes sont plus grandes, dans Vert

samedi 8 novembre 2025 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Vert, le média qui annonce la couleur, le 17 octobre 2025.

L’autrice Corinne Morel Darleux explore les forêts marines

L’ère obscure. L’essayiste et romancière a pris part à une expédition scientifique au large du Honduras. Dans son nouveau livre, elle raconte son mois passé à bord de la goélette Why, ses rencontres avec des « poissons trompettes » et autres « mérous célestes » et, plus largement, sa découverte des forêts animales marines. Un voyage de l’ombre à la lumière.
Ceci n’est pas juste un livre, c’est un « récit mésophotique ». Méso quoi ? La zone mésophotique est cette partie de l’océan située entre 30 et 200 mètres de profondeur, où les rayons du soleil ne percent presque plus. Mais suffisamment pour abriter une très riche biodiversité.
Dans Du fond des océans les montagnes sont plus grandes (octobre 2025, Libertalia), l’autrice Corinne Morel Darleux nous emmène à la découverte de cet espace mystérieux, largement inconnu, et pourtant menacé par les activités humaines. Elle embarque ses lecteur·ices à bord du Why, le bateau d’expédition du programme d’exploration sous-marine Under The Pole, à l’occasion d’une mission sur l’île de Roatán, au Honduras.
Sous l’eau, on découvre des paysages d’une richesse infinie, des déserts, des montagnes et, surtout, des forêts. Elles sont peuplées de « poissons trompettes », de « mérous célestes » et de « cuboméduses ». Autant d’habitants des « hautes profondeurs », peu étudiés par les scientifiques, qui risquent de s’éteindre en silence. Canicules marines liées au réchauffement climatique d’origine humaine, pêche au chalut de fond et potentielle exploitation minière des fonds marins, les menaces qui planent sur ces écosystèmes sont protéiformes.

Enclave libertarienne et « machine de l’enfer »

À la surface, le spectacle n’est pas plus réjouissant. L’autrice de Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce (2019, Libertalia) nous ouvre les portes de Prospera, enclave libertarienne totalement privée située sur l’île de Roatán. Là, des millionnaires fans d’Elon Musk parlent vie éternelle et cryptomonnaies. Corinne Morel Darleux évoque aussi l’Icon of the seas, l’un des plus gros paquebots du monde, qui lève régulièrement l’ancre dans les environs. Une « machine de l’enfer » de 250 800 tonnes, propulsée au gaz naturel liquéfié – une énergie fossile.
Pourtant l’espoir est là. L’équipage du Why a collecté de précieux échantillons pour améliorer notre compréhension de la zone mésophotique. Si l’adage dit vrai, on protège mieux ce que l’on connaît. En attendant, on « protège les gros bonnets et pas les petits poissons ».

Antoine Poncet