Le blog des éditions Libertalia

D’Alger à Mai 68, mes années de révolution.

dimanche 26 septembre 2010 :: Permalien

D’Alger à Mai 68, mes années de révolution.
François Cerutti. Spartacus, 170 pages, 13 euros.

D’une façon générale, il faut toujours être attentif aux deux livres annuels publiés par les éditions Spartacus. Habituellement, il y a un inédit et une réédition. L’inédit du cru 2010, c’est ce récit autobiographique. Né à Alger en 1941, fils d’un colonel décédé dans des circonstances étranges, le jeune François Cerutti échoue à Montrouge en 1956 puis s’installe à Nice. C’est là qu’il décide de militer en faveur de l’indépendance algérienne. Avec des camarades issus du groupe anticolonialiste Jeune Résistance, il s’oppose au mot d’ordre ambigu du Parti communiste qui réclame la « paix en Algérie », mais pas l’indépendance. Insoumis, il part au Maroc en 1961 et se met au service de la « révolution mondiale ». Il croise sur sa route des militants pablistes, des membres de la IVe Internationale, le jeune pied-noir devient pied-rouge. De 1962 à 1965, il participe aux premières années de la révolution algérienne en travaillant dans une entreprise autogérée. Comme bien d’autres internationaux (voir le livre Algérie, les années pieds-rouges de Catherine Simon), le coup d’État de Boumediène le fait rentrer en France. L’armée le rattrape. En 68, avec Pierre Guillaume (qui n’était pas encore l’infecte crevure négationniste d’aujourd’hui), François Cerutti ouvre une librairie au cœur du Quartier latin. Celle-ci, La Vieille Taupe, accueille les minorités révolutionnaires. On y rencontre des tiers-mondistes, des anarchistes, des trotskystes, etc. Après le bouillonnant mouvement de mai et juin 1968, F. Cerutti rejoint l’équipe éditoriale de Spartacus. Les pages rédigées sur René Lefeuvre et les Cahiers Spartacus sont assez émouvantes. Un regret quand même : le récit s’arrête dans les années 70, or, nous aurions aimé connaître les réflexions de l’auteur sur les temps contemporains.